đŸ€˜đŸŒLes monologues de mon vagin

Avant de tomber enceinte, j’avais imaginĂ© le dĂ©roulement de ma grossesse. Comme dans les magazines, j’afficherai mon petit ventre rond et mon bonheur de porter la vie sur des photos sublimes, dans une robe en mousseline, sur une plage, la lumiĂšre du soleil caressant mes cheveux soyeux. Hors de question de prendre plus de 10 kilos, encore moins de m’habiller n’importe comment pendant ces 9 mois. Zoom sur mes 2 grossesses, l’épanouissement total!

Portes ouvertes chez Janis Joplin

J1 :mon test est positif, je vais devenir maman, j’en rĂȘve depuis des annĂ©es! Chuck est le plus heureux du monde et nous avons bien l’intention de passer ces 9 mois Ă  profiter de cet Ă©tat de grĂące.

J3: j’ai des nausĂ©es mais c’est normal les nausĂ©es, ça va passer au 3e mois. On me l’a jurĂ©.

J30: je vomis…toute la journĂ©e…sur mes chaussures, dans la rue, et mĂȘme dans les poubelles du mĂ©tro entre 2 arrĂȘts, en allant travailler. 

Comme je n’ai pas encore de ventre, on me prend pour une vieille meuf qui revient de soirĂ©e bourrĂ©e. Si ça m’est dĂ©jĂ  arrivĂ© auparavant, cette fois, je refuse d’assumer alors, en plein mois de septembre je tombe la veste pour bomber mon petit bidou.

J60: 1Úre écho. Il y a 2 bébés, ce sont de vrais jumeaux.

On est trop contents. Mon vagin l’est moins. Il me susurre Ă  l’oreille qu’il ne mĂ©rite pas ça, lui qui a tant donnĂ© sans jamais se plaindre, toutes ces annĂ©es. Il est clair: hors de question de se faire exploser comme un pop corn par 2 bĂ©bĂ©s gluants et rougeots. Je vais devoir trouver une autre solution.

 J90: J’ai dĂ©jĂ  10 kgs, mon col a bougĂ©. Mon sage-femme (on ne dit pas « sage-homme », sauf si vous voulez, comme moi, vous taper la honte du siĂšcle devant le type qui va examiner votre entrejambes 2 fois par jour) me condamne Ă  rester allongĂ©e les 6 prochains mois. J’ai de la chance, j’ai le droit de me dĂ©placer aux toilettes pour faire pipi et vomir.

J180: 25 kgs en trop, mes pieds ne supportent plus que les tongs, ils ressemblent Ă  des rĂŽtis de porc saucissonnĂ©s. J’ai le temps de les observer, je suis hospitalisĂ©e car mes filles prĂ©sentent un syndrome transfuseur/transfusĂ©, il faut les surveiller de prĂšs.

Chaque matin, c’est “portes ouvertes dans ma foufoune”: les Ă©tudiants viennent l’observer, parfois tĂąter le col, ça me fait de la compagnie. Ils ont de la chance de la voir, ça fait des mois que mon ventre cache cette zone qui doit vaguement ressembler Ă  la derniĂšre coupe de Janis Joplin.

Mes collĂšgues sont venus me rendre visite, c’est gentil 😕. Ils ont eu un moment de recul quand ils sont rentrĂ©s dans la chambre, moi qui suis d’habitude plutĂŽt fine, j’ai la ligne d’un Ă©lĂ©phant de mer, je porte une chemise de nuit en flanelle, et je sens l’eau de cologne bas de gamme car je ne supporte plus aucun parfum (les nausĂ©es durent 3 mois, mon c…!!). Glamour.

7e mois: il faut sortir ces bĂ©bĂ©s, et vite. La meilleure des nouvelles, c’est qu’il va falloir me faire une cĂ©sarienne. Mon vagin a gagnĂ©.

Les filles sortent Ă  une minute d’écart. Elles sont minuscules et tellement jolies! L’amour rend aveugle, quand je revois les photos, elles ressemblent plutĂŽt Ă  2 cranberries sĂ©chĂ©es.

6 orteils et un micro-pénis

Pour mon fils, j’ai eu moins de soucis. Je n’ai pas pour autant aimĂ© cette grossesse plus que l’autre.

J’ai Ă©tĂ© vite arrĂȘtĂ©e pour un dĂ©collement de placenta. J’ai encore vomi dans tout Paris mais cette fois, avec 2 petites filles me tenant la main, maman chic. 

Je suis suivie Ă  l’hĂŽpital BĂ©gin, l’hĂŽpital militaire capable de soigner des blessures de guerre ET de faire naĂźtre des bĂ©bĂ©s. 

Ma sage femme est bien loin des clichĂ©s: je m’attendais Ă  trouver une petite blonde avec un pull rose en mohair et un collier de perle, je me retrouve devant une sorte de missionnaire d’1m80 en costume et gallons

J’ai peur, je me dis qu’elle a dĂ» sortir ses propres gamins de son utĂ©rus tout en torturant un espion russe dans un vieux bĂątiment dĂ©saffectĂ©. 

Finalement, j’ai encore accouchĂ© par cĂ©sarienne, mon vagin a jouĂ© les rĂ©sistants pour la seconde fois, prenant en otage le bĂ©bĂ© pendant des heures. 

Le jour d’aprùs, j’ai mal, on me donne de la morphine.

Je suis avec mon petit et je compte ses orteils: malheur, il en a 6! Comment je vais le chausser moi? Je vais devoir lui faire fabriquer des pompes spĂ©ciales, mais Ă  qui m’adresser? Il ne pourra jamais faire de ski ni de bowling et devra porter des chaussettes Ă  la piscine.

En panique, j’appelle l’infirmiĂšre qui me rassure: il a bien 5 orteils. Elle sort et je recompte. Cette folle ne sait pas compter, je ressonne. Elle revient, me rassure Ă  nouveau. Pour me changer les idĂ©es, je change sa couche. 

Horreur, son zizi a la taille d’un flageolet! Je re-ressonne. L’infirmiĂšre revient agacĂ©e (c’est pas leur boulot d’ĂȘtre patient?). Je lui fais part de mon inquiĂ©tude: mon fils a 6 orteils et un petit zizi. Il fera fuir les filles, ne se mariera jamais et je l’aurais toute ma vie sur les bras!! Cette fois, elle craque et hurle qu’à son Ăąge, il n’a pas la physionomie de Rocco Siffredi, et c’est normal. Elle me donne un calmant, je me rendors et Ă  mon Ă©veil, miracle, Floki a perdu un orteil!

Je suis sortie de Bégin au bout de 48h, avec mes agrafes. Sans pitié.

Quand je vois mes copines enceinte Ă©panouies, se rouler dans la rosĂ©e du matin avec juste un petit bidou qui dĂ©passe, je suis jalouse. J’aurais aimĂ© vivre ça mais je ne peux pas me plaindre: mes enfants sont arrivĂ©s en bonne santĂ©, j’ai perdu mes kilos de rĂ©tention d’eau en quelques semaines et je n’ai mĂȘme pas une vergeture.

Je ne regrette rien: je les aime inconditionnellement et mĂȘme si je suis loin d’ĂȘtre une maman parfaite, ils rient toute la journĂ©e, et ça, ça vaut toutes les varices vaginales du monde ( ah, je ne t’ai pas dit?!…).

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2 thoughts on “đŸ€˜đŸŒLes monologues de mon vagin

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