đŸ€˜đŸŒParis, tu la kiffes ou tu la quittes

En 2017, Chuck et moi avons décidé, aprÚs 15 ans passés à Paris, de migrer en province.

On ne dĂ©testait pas notre ville, au contraire, Paris restait magique Ă  nos yeux mais, aprĂšs les attentats, on a ressenti le besoin vital de s’évader, de respirer autre chose que des particules aux noms flippants, et surtout, on voulait une maison.

Alors on a pris la carte de France et on a Ă©liminĂ© tous les lieux oĂč on ne voulait pas vivre et Ă  la fin, irrĂ©sistiblement attirĂ©s par le beurre salĂ©, l’ocĂ©an et le kouign amann, nous avons choisi Nantes.

En 3 mois, on a vendu notre appartement et acheté une maison, des oufs, je te dis!

Cheich et permaculture

Loin de l’image des bobos parisiens qui votent Ă©colo, mangent bio, sans gluten et portent des cheichs, nous avions une vie plutĂŽt normale: je faisais mes courses chez Auchan, mes enfants mangeaient des biscuits avec de l’huile de palme (ouuuuuh la vilaine!!!), et le vendredi soir, c’était soirĂ©e pizzas/Kho Lanta. 

Il n’y a vĂ©ritablement qu’à l’école oĂč on sentait la diffĂ©rence: on Ă©tait les seuls parents qui n’avaient pas besoin de se cacher derriĂšre des lunettes de soleil pour passer incognito et Ă©viter les autographes. Mes enfants avaient pour parents “personne” et ça leur allait trĂšs bien.

L’image du parisien est souvent vraie, mais trĂšs souvent tirĂ©e par les cheveux:

“Les parigos tirent la gueule dans le mĂ©tro”: VRAI, sauf qu’en province, je vois rarement les gens dans le bus, une rose entre les dents, chanter Ă  quel point ils sont heureux d’aller bosser pour payer plus d’impĂŽts.

“Les parigos sont des bobos”: VRAI, on a dĂ©jĂ  parlĂ© des cheichs et du bio, mais le bobo aime aussi la mixitĂ© sociale (mais pas trop car ses gosses sont dans le privĂ©), le vĂ©lo Ă©lectrique (sauf quand il part Ă  Deauville le week end avec son gros SUV), Ă©coute Benjamin Biolay, et il sait ce qu’est la permaculture (mais mange du Nutella en cachette).

Sauf qu’en province on a les mĂȘmes! Ils ont une petite maison sur la cĂŽte, un compost dans leur jardin, trimballent leurs pots en verre pour aller faire leurs courses dans une boutique zĂ©ro dĂ©chets et hypothĂšquent leur maison Ă  chaque fois qu’ils passent Ă  la caisse.

“Les parigos prennent les provinciaux pour des bouseux”: dans la mesure oĂč 80% d’entre eux viennent de province, je dis FAUX.

Presbytie et utérus

Paris est magique. C’est vrai, encore faut-il se promener dans les plus beaux quartiers. Une balade porte de Clignancourt ne t’ apportera pas du rĂȘve, au mieux 3 MST et un allĂ©gement de ton portefeuille, de ton portable et de tes bijoux.

Cette ville regorge de trĂ©sors: le jardin du Luxembourg, les buttes Chaumont en automne, le bassin de la Villette, le PĂšre Lachaise
 La liste est longue, on ne s’ennuie jamais Ă  Paris. Mais elle a des inconvĂ©nients qui se rĂ©vĂšlent Ă  toi d’un coup, comme la presbytie qui apparaĂźt le jour de tes 40 ans, quand tu essaies de lire les petits mots d’anniversaire que tes amis ont gentiment mis sous cadre.

En effet, quand je suis arrivĂ©e Ă  Paris Ă  23 ans et que j’ai obtenu mon 20mÂČ Ă  900€ par mois, j’étais la plus heureuse du monde. Je travaillais 12 heures par jour puis je sortais dans les bars, les boĂźtes et ne rentrais au petit matin que pour prendre une douche, me maquiller comme un camion volĂ©, et repartir travailler.

Puis Ă  30 ans, j’ai expulsĂ© de mon utĂ©rus 2 bĂ©bĂ©s, et lĂ , les soucis ont commencĂ©. La poussette double qui reste bloquĂ©e entre les portes de la boulangerie, la place en crĂšche qui ne s’obtient que si ton mec prĂ©sente le 20 heures, le 40mÂČ qui rĂ©trĂ©cit Ă  vue d’Ɠil, les voisins qui se plaignent car tu as eu la mauvaise idĂ©e de faire des bĂ©bĂ©s qui pleurent…  Alors on a migrĂ© Ă  Vincennes. Pour nous c’était dĂ©jĂ  un pas vers la province (Ă  20 mĂštres du panneau “Paris”).

Lorsque j’ai plaquĂ© mon poste de comptable pour me reconvertir dans le web, on s’est dit que c’était le bon moment pour tout recommencer. Les filles, qui Ă©taient en CM2 Ă  l’Ă©poque, ont quittĂ© leur classe en avril pour atterrir dans une nouvelle Ă©cole avec d’autres parents “inconnus” sans devoirs ni notes, ça leur a tout de suite plu. Quant Ă  Floki, il Ă©tait content de voir “de la couleur dans les rues” et pouvait enfin dĂ©penser son Ă©nergie inĂ©puisable dans un jardin fleuri.

On ne regrettera jamais ce dĂ©part car on s’est construit une vie super, mais on adore revenir sur Paris en touriste pour profiter des bonnes choses. Je crois qu’une partie de nous est restĂ©e lĂ  bas, on a gardĂ© quelques mauvaises habitudes, comme trouver normal de payer 12€ un coca en terrasse, s’étonner de voir un papa arriver en marcel et tongs Ă  l’école ou encore ne jamais laisser les piĂ©tons prioritaires ;)!

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